Paraty

Notre dernière matinée à Rio s'est révélée une excellente surprise (encore une!). Une de celles que l'on n'attend définitivement pas. Vous trouverez sans doute la chose ridicule, mais je vous explique quand même. 

Nous avons décidé de passer le peu de temps qui nous restait à nous balader dans Copacabana sans autre but que de prélever un échantillon de sable (je ne veux aucune réflexion de la part de certaines personnes se prétendant être mes amies!!) et de rentrer à l'heure pour que Jean nous conduise au terminal des bus.

Oui mais voilà, une surprise de taille m'attendait en bord de plage. Un brésilien installait son stand mobile avec moult bijoux et accessoires amazoniens dont j'ai de suite remarqué la qualité. On s'arrête y jeter un oeil de plus près quand j'aperçois, au cou du vendeur, un pendentif grenouille. Je sursaute sur Gilbert et tends les bras vers le pauvre homme qui a eu un mouvement de recul alors que je montrais du doigt son pendentif. Il me signale qu'il n'est pas à vendre et j'essaye tant bien que mal de lui faire comprendre que je veux seulement le prendre en photo et savoir quel symbolisme il lui associe. Et là il prononce le mot magique : muiraquita. MUIRAQUITA !! Ouiiiii !! 
 
   
A droite sur la photo : muiraquita en forme de grenouille, museu nacional, Rio de Janeiro, 28 août 2011...


... et deux jours après : pendentif muiraquita au cou d'un amérindien de la région du Xingu
Ces petites amulettes sont caractéristiques de la Guyane, du Suriname et plus globalement de cette zone étendue du bassin amazonien. J'en ai vu en livres et dans les musées, mais jamais au cou d'un indien du Xingu !! Oh-my-god !! Tout d'un coup l'archéologie se voit supplantée par l'ethnologie, je crois rêver !! Bon le dialogue reste limité et ma frustration grandit d'autant. Mais je comprends que ce pendentif est signe de prospérité et de réussite financière (et visiblement aucun lien avec la pluie ou l'eau, contrairement au symbolisme généralement associé à la grenouille). Une preuve vivante que la fonction initiale supposée des muiraquitas, à savoir favoriser les échanges de biens entre les peuples du nord-ouest amazonien, a conservé son essence tout en s'adaptant aux contingences modernes. Il m'autorise à prendre une photo pour peu que je lui achète quelque chose, alors Mathilde et moi nous laissons tenter par le superbe panel d'artisanat amérindien. Je prends ensuite ma photo, il demande à la voir, après quoi il nous sert chaleureusement les mains et nous reprenons notre chemin. J'en reste toute retournée pendant un bon moment... Jamais je n'aurais pensé voir une muiraquita autrement que dans des vitrines de musées, et surtout pas autour du cou d'un indien du Xingu vendant de l'artisanat amazonien à Copacabana! Ma journée a été définitivement illuminée (quoique pourraient en penser certains esprits étroits :P).

Je me remets de mes émotions en sirotant la noix de coco que Mathilde ramène avec deux pailles pour boire l'eau de coco à l'intérieur. Nous attrapons quelques empenadas en revenant Chez Michel, et il nous reste juste assez de temps pour terminer le bouclage des sacs et pour saluer notre hôte avant que Jean (notre guide brésilien de la veille) n'arrive pour nous conduire au terminal de bus. 

Nous prenons notre bus en direction de Paraty, le long d'une route suivant un littoral ponctué de criques magnifiques où se nichent de petits ports. Celle qu'on appelle la costa verde porte bien son nom, la route est entourée de verdure tantôt luxuriante aux essences tropicales, tantôt plus rase aux airs de zones humides fertiles où paissent troupeaux de vaches et chevaux éparpillés. Les arrêts en route sont fréquents,  nous arrivons en retard à Paraty, pas mécontentes de sortir du bus après 4h30 d'une climatisation frigorifique.






Vues de la costa verde, littoral entre Rio et Paraty

Nous avons pris nos quartiers du soir dans une pousada, et après une descente au supermarché le plus proche, nous voilà attablées autour d'une bière estampillée "Xingu, cerveja escura premium" (en honneur de la rencontre de ce matin) et de denrées plus ou moins locales. 

La bière "Xingu"
Mathilde défile avec ses nouveaux bijoux et ses havaianas, pendant que je grignote des gâteaux "amanteigados da fazenda" à la goyave (l'appel du sucré a encore frappé!!). Encore une bonne journée d'écoulée, gageons que les prochaines ne s'en laisseront pas compter.




Commentaires

  1. Et d'une j'aurai jamais osé faire une remarque sur le sable, les coquillages et autres morceaux de bois pouvant se ramasser sur une plage.
    Et de deux, je suis toujours pas jalouse de la plage, vos rencontres, vos balades et les couleurs de ce pays.
    Non, même pas.
    Et de trois, super pour les grenouilles :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La "médecine du crapaud" en Amazonie

Chili, aqui estamos !

Journée grand standing