Jeudi 19 novembre

Nous avons pris le bateau pour Panaillo, un village Shipibo en pleine forêt amazonienne. Le trajet était grandiose ! Nous avons vu des oiseaux magnifiques et un alligator ! En fait on n’a simplement vu une masse retomber dans l’eau. Au départ je croyais que c’était une tortue et Sandra un dauphin car apparemment on en trouve dans le fleuve Ucayali, mais non Ruben nous a dit que c’était bien un alligator ! Et je l’ai raté !!


Je ne pensais pas que les rives des fleuves d’Amazonie étaient tant habitées. Il y a plein de petites cahutes tout le long du fleuve.



Mais le plus impressionnant restent les racines gigantesques des arbres, les méandres, les entrelacs de plantes qui rendent la navigation dangereuse. Après 4h de bateau, nous sommes arrivées à Panaillo, village Shipibo au cœur de la Selva. Nous avons dû attendre un peu dans le bateau le temps de prévenir le village de notre arrivée puis notre navigateur est revenu pour changer le bateau de place. Et là, petit moment d’inquiètude, qu’allait-il nous arriver, pourquoi déplaçait-on le bateau, qu’était-il arrivé à Selmira, Ruben et Daniela ? Mais tout allait pour le mieux, on nous a simplement rapproché de notre maison d’accueil pour éviter à Sandra d’avoir à trop marcher. C’était magnifique, avec toujours ces cahutes si caractéristiques avec des toits en longues feuilles. Les maisons sont rarement fermées par des murs et sont en hauteur pour les périodes où monte le fleuve.



Nous devions rester le soir pour participer aux coutumes locales mais un problème technique nous en a empêché ! C’est à partir de là que le programme a complètement changé et que nous avons réellement été plongé plus dans la réalité de la vie à Yarinacocha ! Pendant que Sandra tentait de régler son problème technique, j’ai été invité à poursuivre la visite du village, à entrer un peu dans la jungle. C’était splendide. J’aurais aimé aller plus loin mais je n’étais pas équipée et soyons réaliste, certainement pas suffisamment préparé pour entrer dans la Selva comme il se doit. Ruben m’a proposé une petite baignade dans la lagune car il ait dit que si l’on s’y baigne c’est la promesse d’un retour au Pérou. Mais l’eau est sombre, on ne sait pas se qu’il s’y cache et j’ai refusé. Nous avons donc fait demi-tour pour retrouver Sandra. Le problème ne s’améliorant pas malgré les divers traitements Shipibo il a fallut songer à un rapatriement. Après une arrivée en bateau (4h de trajet) nous voilà prête pour un retour express en voiture (2h environ de trajet) sur une petite route de terre sinueuse et chaotique à travers la forêt et de nuit (la nuit tombe vers 18h) ! Nous avons pu voir la région sous un autre angle. Nous avons des oiseaux, traversés des villages, et là nous avons eu un peu peur car Selmira ne connaissait pas toutes ces communautés et quand le taxi s’arrêtait et que les gens s’approchaient nous n’étions pas rassurées, ne sachant si nous allions nous faire dépouiller ou autre chose ! Ce fut une excellente expérience ! En pleine Selva je n’étais pas sûre de pouvoir faire quelque chose, il faut dire que les gens sont plus adroits, plus agiles, … Le soir nous avons dormis chez la mère de Selmira et c’est vrai que l’auberge, comparée à sa maison est du plus grand luxe ! Nous nous sommes un peu reposées après un détour par la clinique.


Mathilde



Après avoir préparé un petit bagage et pris notre petit-déjeuner, départ en pirogue à moteur pour la communauté shipiba de Panaillo. 4h de pirogue nous attendent, protégées du soleil et bercées par les flots tranquilles. Les paysages sont épais et verdoyants, les rives parsemées de cases.

Pour sortir de la lagune, Ruben doit se mettre à l’avant pour guider le chauffeur à travers les entrelacs et les racines des arbres.



C’est assez dangereux, car une racine peut facilement nous faire chavirer, c’est pour ça que nous portons tous des gilets de sauvetage.



Ceci dit, quand Mathilde a aperçu un crocodile, je me suis dit que le gilet pouvait bien aller au diable… Le bateau est passé sur une racine et a buté dessus, nous sommes restés à flots mais quelques minutes après, une fois sortis de la lagune, le chauffeur a retiré l’hélice de l’eau. Bilan : l’arbre avait rompu deux ailes sur trois, pas possible de continuer sur le fleuve comme ça. Heureusement, il avait une nouvelle hélice. Le problème a été d’enlever l’ancienne, bien attachée à son support. Il a fallu un loooong moment, de vigoureux coups de machettes et deux paires de mains avant qu’ils en viennent à bout. En plus, pas possible de demander de l’aide aux quelques bateaux qui passaient, Selmira ayant peur que ce soit pire. On ne sait jamais sur qui on peut tomber, et nous étant européennes, ça attire vite les convoitises. Je suis TRES soulagée quand nous repartons, et encore plus lorsque nous accostons enfin à Panaillo. Selmira et Ruben descendent en premier pour annoncer notre arrivée, et quelques minutes après nous pouvons descendre. Nous allons nous reposer sur le devant d’une maison où on m’offre un hamac. Je suis émerveillée de voir tous ces enfants se tortiller librement, curieux et réservés envers nous mais prêts à sourire quand on les incite un peu. Enfin, j’ai atteint mon rêve !


Et puis d’un coup, je me sens un peu patraque. Ce matin, en sortant de la douche, j’avais craché du sang. Ca s’était arrêté au bout de quelques minutes, je n’y avais pas porté plus d’attention que ça. Je ne sais pas si c’était en relation, mais il n’a pas fallu longtemps avant que je descende du hamac, puis de la maison et que je vide mes tripes devant tout le monde… L’humiliation mise à part, je pensais avoir mal digéré quelque chose et que tout irait bien. Sauf que quelques minutes après rebelote, avec toujours autant de force. Je n’ai pas pu déjeuner, à peine boire un peu. Et malgré ça, je continuais à me vider. Selmira commençait à s’inquiéter, mais étant enfin là où je voulais être et me sentant sensiblement mieux à chaque fois que mon estomac se vidait, j’ai voulu rester.


Malheureusement, les choses sont allées de mal en pis. Je me suis mise à me vider par le bas (bon appétit à ceux qui mangent !), et ainsi en alternance toutes les 30 minutes. Les shipibos m’ont fait boire du thé, puis une tisane à base d’herbes médicinales (yeurk), rien ne restait plus de quelques minutes. Ils ont fait appel à leur guérisseur, qui a fait une petite cérémonie avant de me souffler sur la tête et le corps. Selmira m’a baigné la tête avec des plantes pour alléger le mal de tête (un véritable arbre m’est poussé dans les cheveux), mais mon état ne s’améliorait pas.



Mon estomac était très douloureux et je ne gardais aucun liquide malgré ma soif. Les shipibos restaient autour de moi, jusqu’à ce que l’un d’eux dise que j’étais très mal et qu’il fallait que je rentre à Pucallpa pour aller à la clinique. Moi je ne voyais pas pourquoi, après tout ça pouvait attendre le lendemain. Sauf que je sentais bien que mon état empirait. Et entendre un indigène vous dire que c’est sérieux, ça n’a rien de rassurant. Heureusement pour moi, une voiture devait passer dans la communauté vers les 18h. Car aucune chance de prendre le bateau après 14h, la navigation de nuit étant impossible en raison des risques. Et la route qui relie Pucallpa à travers la selva est un chemin de terre chaotique d’environ 2h, récemment tracé et rarement pratiquable. J’ai eu beaucoup de chance qu’une voiture soit disponible (même en très mauvais état) et le chemin empruntable.


Les shipibos m’avaient fait boire du lait de coco pour calmer les nausées, de peur que je me fasse un nœud dans l’estomac, je ne sais pas si c’est ça qui m’a aidé à tenir pendant le trajet. Ca a été un voyage très éprouvant, en pleine forêt, de nuit, avec en plus des passagers qui arrêtaient la voiture sur le bord de la route. La première fois, c’était un groupe d’hommes à demi-nus sortis de la forêt, j’ai bien cru qu’on allait se faire dévaliser ou pire… Finalement, quand on a compris que c’était des travailleurs qui négociaient un bout de chemin, on a respiré. Un homme avec trois femmes et un bébé, ça ne fait pas le poids dans la selva. Deux hommes se sont engouffrés à l’avant, le reste dans le coffre. Et ainsi de suite jusqu’à Pucallpa, autant de passagers clandestins que mon estomac n’appréciaient guère pour le retard qu’ils entraînaient.


Arrivées finalement en ville, il a fallu prendre un nouveau taxi pour nous rendre à la clinique. J’avais du mal à marcher, des courbatures et une soif TERRIBLE. Je n’ai jamais eu aussi soif de toute ma vie, mais Selmira a tenu bon. Pas de boisson pour ne pas vomir de nouveau. Elle a fait le forcing dans la clinique pour que je passe en urgence et que le médecin me voit, même si le seul de garde était gynécologue. Je n’étais plus à ça près. Après un passage par les toilettes des hommes (quand ça urge…), le docteur nous a reçu et a vite posé un diagnostic : déshydratation sévère (il a quand même demandé au passage si j’avais mes règles, on n’est pas spécialiste pour rien…). Ils m’ont installé dans une salle, m’ont mis une perfusion à base d’eau, de sucre et de calmant, m’ont piqué dans la fesse à cause de la fièvre, et m’ont laissé dans les vapes pendant un moment. Mathilde a pris les instructions, je n’arrivais pas ouvrir les yeux même si j’entendais ce qui se disait.


Après la perfusion, j’avais toujours soif. Le médecin m’a prescrit des boissons énergétiques (Gatorade) pour que mon corps recrée plus vite le liquide qu’il perd avec la transpiration. J’ai pu boire un peu, et Selmira nous a amené dormir tous dans la maison de sa mère au cas où je ne me sentirais pas bien. La nuit a été agitée, entre la chaleur, les rats, les araignées et les lézards qui se baladaient dans la chambre, et l’absence de moustiquaire, mais nous avons dormi un peu.


Sandra

Commentaires

  1. j'adore les bateaux surtout le premier : vous pouvez pas en plier un dans vos sacs, çà devrait etre super sur le lac de sanguinet !!

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  2. vous aurez vraiment connu tous les charmes et les inconvenients des différentes régions de notre bonne vieille terre !! comme quoi boire une petit coup c'est agréable !

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