De la difficulté de l'identification

Retour au Pérou ce soir pour évoquer deux pièces précolombiennes présentant l'apparence des anoures. 

La première est un ornement métallique attribué par le National Museum of the American Indian à la culture Chimú (1200/1470 apr. J.-C.) du nord péruvien. Il a semble-t-il été découvert entre 1922 et 1927 par le Major Otto Holstein, employé de l'U.S. Army, et acheté par le Museum of American Indian en 1927.
Fait d'or martelé et travaillé au repoussé, cet anoure est de très petite dimension : L. 2.5 x l. 2 x h. 0.5 cm. 
Il a la disposition caractéristique de l'animal au repos : positionné sur le ventre, ses membres sont recroquevillés de part et d'autre du corps, sa tête venant dans le prolongement horizontal. Yeux, narines et crêtes nasales sont matérialisés; le batracien est bien dépourvu de queue et aucun autre décor n'est apparemment visible. Cet objet possède une physionomie plus couramment constatée sur les représentations céramiques, et s'éloigne quelque peu des ornements métalliques en forme d'anoure observés dans les cultures voisines Mochica et Sicán. 

Ornement en forme d'anoure. 15/7215. © Smithsonian - National Museum of the American Indian.
 
J'aimerais signaler une autre pièce, issue cette fois des collections du Art Institute de Chicago. Il s'agit d'un textile (L. 57.5 x l. 54.3 cm) en coton et laine de lama, attribué de manière hypothétique à la culture Chimú. Il se compose de cadres colorés et ornés de vagues, ainsi que d'une rangée de franges dans sa partie inférieure. Trois types de personnages zoomorphes s'insèrent au sein d'espaces délimités : deux de ces figures, colorées par des camaïeux ocrés et présentées de profil, brandissent un bâton; la troisième en revanche est positionnée de face et teintée de noir. Sa physionomie rappelle les types de représentation des anoures : les membres et les doigts sont élancés, et des points colorés viennent souligner l'extrémité des doigts (au seul nombre de deux) ainsi que les yeux, le nez et le dos. Cette identification est bien entendu totalement hypothétique mais méritait d'être évoquée, les amphibiens anoures ayant fait l'objet de représentations textiles, de culture Paracas notamment.      

Textile chimú ?. 1955/1760. © Art Institute Chicago.
Grenouillement votre, 
Sandra




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